Résidence d'artiste

ÉRICK DORION

Sur la région centrale, étude 1

Du 2 novembre au 2 décembre 2018

DAÏMÔN est heureux d’accueillir en résidence l’artiste Érick Dorion, pour le développement de son œuvre: Sur La région centrale, étude 1.

Sur La région centrale, étude 1 est une réinterprétation du film La région centrale de Michael Snow. En 1971, Snow présente cette œuvre expérimentale s’inscrivant dans une série qu’il réalise sur le mouvement de caméra. D’une durée de 180 minutes, le film est une suite de mouvements lents effectuant des captations dans une région éloignée de la Côte-Nord du Canada. Les longs plans-séquences vont dans toutes les directions : horizontale, verticale, latérale et en spirale, grâce à un dispositif mécanique inventé spécialement pour le projet. Les images représentent un paysage dont la présence humaine est complètement absente. Le son, lui, est une musique électronique abstraite en contraste aux images proposant une nature vierge.

Sur La région centrale, étude 1 revisite cet ovni cinématographique sous un angle conceptuel inverse, tout en recyclant le procédé. À la Nature pure, Érick Dorion propose l’empreinte indélébile de l’être humain. Une trace bien concrète incarnée par les déchets. Ici, le théâtre de la présence humaine est représenté par le dépotoir que nous nommons maintenant « Centre de transbordement/écocentre », lieu situé à Gatineau, au 860 boulevard de la Carrière et qui sera le sujet de l’œuvre.

L’artiste va capter un long plan-séquence de 180 minutes sur 360 degrés, archivant ainsi le paysage « non naturel » et l’activité des travailleurs et des machines s’occupant de la gestion des déchets. Ce plan sera tourné à partir d’un lieu unique, comme dans le film de Snow. Ce « plan fixe en mouvement » ou un traveling pivotant sur 360 degrés, sera piloté par un mécanisme maison qui permettra de bouger la caméra de façon indépendante et stable, légèrement différente de l’œuvre originale où les mouvements vont dans tous les sens.

L’œuvre finale prendra la forme d’une installation sonore « immersive » accompagnée d’une projection panoramique de 30 minutes en boucle. La trame audio sera une composition multipiste ambiophonique n’utilisant que l’environnement sonore brute du centre de transbordement. Ici encore, l’artiste applique une logique du contraire comparativement à l’œuvre de Michael Snow qui proposait une dichotomie l’image de la nature et les sons électroniques.

Il est important de noter que ce n’est pas un discours écologique ou politique qu’Érick Dorion propose, mais bien une étude de l’œuvre La région centrale. La résidence à DAÏMÔN est la première étape d’une série d’œuvres explorant le film de Snow. Érick Dorion poursuivra son projet en appliquant la même logique à d’autres régions, provinces et pays.

Cette œuvre s’inscrit dans la continuité du travail d’Érick Dorion en art audio et en installation, qui s’inspire des mouvements de l’histoire de l’art, de ses créateurs et de leurs œuvres. Michael Snow est incontournable tant en art audio qu’en art médiatique et son travail en cinéma est d’une importance capitale dans le développement non seulement de la discipline, mais aussi dans le rayonnement de l’art d’avant-garde, de l’expérimental et de l’art actuel.

Érick Dorion est un artiste audio interdisciplinaire, compositeur pour les arts de la scène et le cinéma, musicien improvisateur et commissaire audio résidant à Montréal depuis 2015, auparavant à Québec dès 1993. Concentrant en bonne partie ses recherches audio sur le maximalisme numérique, d’Orion effectue un travail qui se rapproche étroitement du noise, de la musique concrète, du free jazz et de l’électroacoustique.

Il est membre du duo morceaux_de_machines, du trio BOLD (avec Alexis Bellavance et Nicolas Bernier) et du trio Napalm Jazz ainsi que d’une multitude d’ensembles had hoc. Il a joué en concert avec des artistes de renommée : Evan Parker, Martin Tétreault, Otomo Yoshihide, Robin Fox, Ilpo Vaisanen, Diane Labrosse, Alexandre Saint-Onge, Bernard Falaise, Sam Shalabi, Gunter Muller, eRikm, etc.

Il conçoit également l’environnement sonore et la musique pour des projets en nouveaux médias, le cinéma, le théâtre et la danse. Depuis l’été 2015, il travaille en collaboration avec l’artiste interdisciplinaire Catherine Lalande Massecar (Duo Massecar • d’Orion); ils combinent autant les approches en création sonore, les pratiques en contexte réel, que la dramaturgie clandestine.